Pour débuter ce nouveau texte, nous voulons vous remercier de tous vos commentaires. On adore les lire. Ils nous font réfléchir, plaisir, rire… Enfin ils ne nous laissent pas indifférents ! Alors merci de nous suivre et de réagir à nos mots et à nos photos. Ça nous donne l’impression d’être toujours en contact avec vous, où que nous soyons.
Après un mois et demi sur la route, on se pose enfin. Nous avons vu beaucoup de choses depuis notre départ. À chaque fois on se disait : wouah, c’est magnifique, c’est hallucinant, on est vraiment là ? Mais à chaque fois on passait trop vite pour avoir le temps de mettre nos sensations sur papier. Je me dis que même si ce n’est pas écrit, il va rester quelque chose dans nos mémoires, des sensations, des odeurs, des couleurs, des bruits ou l’absence de bruit parfois. Enfin, j’ose espérer.
Après avoir traversé la frontière américaine (en traversier à partir de l’île de Vancouver) avec une facilité et une rapidité déconcertante, nous sommes arrivés au Olympic National Park. Camping au bord de la rivière d’un bleu glacé et balade dans la forêt qui nous fera rencontrer une bande de cerfs se baignant dans un ruisseau. La côte de l’état de Washington et son brouillard auront raison de nous et nous atterrirons à Seattle. J’ai du mal à dire si j’ai aimé cette ville : grand, bourdonnant, avec beaucoup de pauvreté. Après avoir trouvé notre stationnement pour la nuit au parc Cal Anderson, nous aurons tout de même un aperçu de l’ambiance de la ville où nous nous installerons dans le parc pour regarder, avec les locaux du coin, un film science-fiction-lesbien assez drôle mais qui n’a pas dû marquer l’histoire du cinéma… C’est à Seattle, sur les bords d’un lac, que nous avons fêté nos 12 années ensemble. Douze ans déjà.
Puis, nous faisons un arrêt d’une journée à Portland, Oregon. On s’y est tout de suite senti bien. Cette ville ou en tout cas le quartier où nous avons arrêté (rue Alberta) ressemblait un peu à Montréal : même sensation de diversité, de liberté. Rencontres sympathiques dans un bar qui nous permet de stationner la Sopol Mobile dans un coin sécuritaire pour la nuit. Peut-être y retournerons-nous plus longtemps un jour ? Quand on voyage pour une année avec un budget restreint, les grandes villes ne sont pas les meilleurs endroits où se poser.
Il faut avancer et nous arrivons à Crater Lake National Park. Nous n’avons vu aucune photo de cet endroit alors on se demande ce que l’on va voir. Après une route en forêt de plusieurs kilomètres, on arrive en haut d’une colline : vue impressionnante sur un immense lac bleu foncé avec un cratère de volcan dans sa partie ouest ! Formation volcanique et traces d’éruptions pavent ce parc. Après une randonnée de 4 kilomètres sur le mont Scott, le point de vue sur tous les alentours est magique. À son sommet, nous y avons rencontré un jeune couple de Français en vacances. Après quelques minutes de conversation sympathique, il nous faut dire ce que nous faisons dans la vie : en fait, nous ne travaillons plus ! Mais il faut tout de même expliquer ce que nous faisions avant et en détail, quand nous étions dans la vie active ! Pourquoi le travail que nous faisons et la position que nous occupons dans la société est si importante ? Le travail ne défini pas un être, il en est seulement une partie. Il y a tellement de sujets de discussion alors pourquoi celui du travail revient en priorité ? Faut-il croire que beaucoup de gens n’ont de temps que pour le travail et seulement quelques intermèdes pour les loisirs ? Étions-nous aussi comme ça avant ? Cette conversation nous vaudra à tous les 2 un mauvais rêve la nuit suivante… Nous étions vraiment dû pour faire une pause.
Ce couple n’est toutefois pas représentatif des gens que nous croisons sur la route. Nous avons eu la chance de rencontrer des personnes très chouettes pour une conversation de quelques minutes ou pour partager un plus long moment. On s’est même fait inviter à stationner notre camion dans la cour d’une maison avec douche à la clé et un super petit-déjeuner en agréable compagnie ! Nous nous apercevons que beaucoup de gens vivent sur la route ou voyagent pour de longues périodes. Nous sommes très loin d’être seuls sur ce chemin à la recherche d’un mode de vie différent du modèle dominant. Il y a plusieurs manières de vivre et travailler « 9 à 5 » en est une parmi d’autres, comme voyager au rythme des saisons et des envies.
Parlant de pause, on en parle tous les jours : on a besoin de s’arrêter de rouler, de se reposer, de prendre le temps. Mais on continue et on reprend la route ! Destination la côte californienne et les Redwoods : une randonnée de 16 km en forêt nous mène à des arbres majestueux et un canyon de fougères qui nous offre une oasis d’une étonnante grâce – et Sonia qui se sent un peu frustrée de ne pas avoir pu aller jusqu’à l’océan à cause d’un troupeau de cerf qui en empêchait l’accès !
Une rencontre à Crater Lake nous conseille d’aller à Lassen Volcanic National Park. Il parait que c’est tranquille et qu’il n’y a pas trop de monde. Ok, on y va. Ça tombe bien, on veut de la tranquillité. On ne sait pas du tout à quoi s’attendre. Il s’agit d’un autre parc volcanique. Cette fois-ci, une randonnée de 2 km le long d’un lit de lave datant de la dernière éruption – qui date de plusieurs centaines d’années – nous fait ensuite monter au cœur du cône de cendre du volcan. Au sommet, vent, silence, sable rouge, marron, orange, gris et au loin plusieurs lacs. Il y a même quelques arbres qui poussent au sommet du cône qui procurent quelques centimètres carrés d’ombre sous un soleil d’été brulant. Le parc abrite aussi plusieurs beautés géothermiques aux odeurs de souffre et couleurs saisissantes. Le soir, nous assistons à une conférence sur le nouveau satellite-téléscope James Weeb qui va être envoyé dans l’espace en remplacement de Hubble. J’ai l’impression d’être une enfant à qui on raconte l’univers et ses mystères – pour la plupart encore à découvrir.
Nous poursuivons vers la Californie du sud en passant par le Lac Tahoe. Ce ne fut pas une réussite ! Le lac est magnifique mais il y a beaucoup de monde et la région est infestée de guêpes en plus de regorger d’ours noirs ! Bref, notre séjour y fut court et nous atterrissons à Markleeville. Petite ville perdue, très agréable et un tout petit camping de 10 places où nous passons la nuit. On s’y sent bien mais on reprend la route vers Mono Lake après une matinée relaxante.
Encore une fois, l’arrivée sur ce site est une découverte totale mais il nous faut tout d’abord franchir les montagnes par la route du Monitor Pass. Route sinueuse à travers les montagnes de la Sierra Nevada. On monte, monte et descend, descend à travers des paysages hallucinants : montagnes brulées par la sècheresse tout autour, ravins plongeant dans des lits de rivières asséchées… Difficile de croire que cette route est fermée en hiver à cause de la neige. La route aboutie finalement sur un spectacle majestueux : un immense lac salé parsemé de tufas (formations calcaires qui émergent de l’eau, pour simplifier) qui jaillissent de l’eau ça et là. Cet endroit est aussi une réserve d’oiseaux. Le pompage des eaux des affluents du lac Mono par la ville de Los Angeles a fait baisser dramatiquement le niveau du lac mais depuis 20 ans, le pompage est très contrôlé. Petit à petit le niveau remonte et les oiseaux reviennent.
Nous quittons ce paisible paysage pour Yosemite National Park et sa foule de voitures. Dans ce parc, il faut arriver à 7h du matin pour avoir une place dans un camping ! On visite même le parc en autobus car il y a trop de voitures. Le décor est magnifique mais la foule a raison de nous et malgré ses formations géologiques majestueuses, nous partons.
Il faut vraiment faire une pause ! On regarde les cartes et on se demande où nous serions le mieux pour ne rien faire : pas de voiture, pas de visite, rien ! Après 12 000 km en un mois et demi, nous le méritons ! Alors nous décidons d’aller nous reposer sur la côte californienne. Big Sur nous semble approprié pour une retraite de quelques jours : vent frais de la mer, bruit des vagues, sable fin entre les orteils… Eh bien pas du tout ! En arrivant à Monterey, nous apprenons qu’il y a des feux de forêt en Californie et justement un à Big Sur. Tout est fermé et le peu de campings qui reste ouvert en profite pour augmenter les prix (jusqu’à 100 dollars la nuit…).
Nous ne regrettons pas cette escapade manquée vers la côte. Quelques arrêts sur des petites routes nous ont permis de découvrir des amandiers et des arbres à pistaches ! Les pistaches n’étaient pas murs mais nous avons fait une bonne provision d’amandes ! On apprend à repérer les champs et les arbustes fruitiers pour se nourrir à peu de frais. En plus, on se sent tout content de nos découvertes !
Après 350 km pour rejoindre la côte, il nous faut rebrousser chemin vers les terres. On arrête notre choix sur Pinnacles National Park. On devrait y être en une heure. Encore une fois, les feux de forêt nous obligent à passer par l’entrée Est, la plus éloignée. Mais le jeu en vaut la chandelle : cette fois-ci, quoi qu’il se passe, on s’arrête !
Les feux de forêts sont une dure réalité en Californie. Tous les parcs où nous allons en portent la trace. Certaines sont récentes d’autres plus anciennes mais il y en a partout. La sècheresse est aussi un véritable problème. Dans quelques parcs nationaux, les douches sont interdites certains jours à cause du rationnement de l’eau mais à côté, les golfs sont verts. En faits, les seules pelouses vertes en Californie sont celles des golfs. Tour à tour, nous traversons des montagnes désertiques et des champs de cultures avec canaux d’irrigation. Montagnes de forêts humides et contrées désertiques. Mais tout est beau. Tout est grand, immense. Et la pauvreté nous paraît plus importante aussi. Depuis que nous avons traversé la frontière, elle nous semble beaucoup plus présente et visible.
Nous sommes maintenant à Pinnacles pour quelques jours. Nous ne faisons rien. Enfin presque… C’est difficile de rester à ne rien faire…
PS : beaucoup d’autres photos à venir…
Comme c’est agréable de vous lire et de voir vos magnifiques photos. Merci de nous faire voyager avec vous vous êtes des champions…quelle belle aventure vous vivez…bonne continuité…bisous xoxo Ginette
C’est un plaisir de vous lire. Elle est méritée cette pause! Je suis épatée par tous les kilomètres que vous avez déjà avalés. Prenez le temps de digérer tout ça! Bises.
Une fois, après un trade-show à LA, j’étais parti faire 3 jours de camping au Joshua Tree National Park. Ça m’avait reposé comme 2 semaines de vacances. Je n’avais fait que de la rando dans le désert. En fait, ce sont 2 déserts et ils sont assez différents. Ça vaut la peine de voir les deux. Ce n’est pas loin d’où vous êtes, alors ça peut valoir le détour.
Salut les aventuriers continuez à nous faire le récit de votre voyage c’est très intéressant. La première photo est particulièrement belle.