Au premier matin de notre séjour dans la capitale, une mélodie jouée à la trompette nous tire de notre sommeil. Un air traditionnel nous confirme que nous sommes bien de retour dans ce beau pays qu’est le Mexique. Je m’étire le cou pour tenter de voir par la fenêtre d’où vient cette mélopée. Sans succès. Quelques jours plus tard, je croise le trompettiste dans notre quartier. Un homme d’une quarantaine d’années est accompagné de sa petite fille qui sonne aux portes pour demander quelques pièces. Un autre exemple de ces métiers de l’économie souterraine avec lesquels plusieurs gagnent leur pitance en échange de services rendus ou d’accompagnement musical. Guitaristes devant les terrasses de bar, mariachis sur les places publiques ou trios de musiciens au coin d’une rue, tous contribuent à la trame sonore du quartier.
Mexico, comme toutes les grandes villes du monde, possède sa signature sonore : cloches des éboueurs, appels de voix des vendeurs ambulants de tamales, aboiements de chiens, sifflets à vapeur des vendeurs d’arachides grillées et cris des divers marchants de rues. Curieusement, malgré la circulation, on n’entend que rarement les klaxons, si ce n’est celui d’une voiture qui signale son arrivée devant la grille d’une maison. Puisqu’il n’y a pas de signe d’arrêt aux intersections, c’est d’autant plus remarquable. Les voitures s’enfilent les unes derrière les autres en ralentissant à peine.
Au troisième jour, un tintement attire mon attention. Ce n’est pas la première fois que je l’entends. Je sors de la maison pour en avoir le cœur net. Un homme marche au milieu de la rue agitant une cloche. Je ne comprends toujours pas son manège jusqu’à ce que je vois apparaître un camion de vidange. La cloche est un signal pour les citadins. Des grilles et des portes s’ouvrent et je vois les gens sortir avec sacs et bacs. Le camion s’arrête sur la rue et ils remettent leurs rebuts aux éboueurs. Le tri commence. Les matières plastiques dans un grand sac accroché sur le côté du camion, les cartons et papiers dans un autre, les déchets dans la benne. Dans une petite boite en fer, fixée sur le côté, chacun dépose quelques pièces en guise de pourboire. Je réalise alors que je ne vois jamais de sacs poubelle sur les trottoirs. On attend le camion et l’on apporte ses rebuts. Il va sans dire que j’ai vu plus de femmes que d’hommes apporter des sacs. Je soupçonne que ce sont les femmes de ménage puisque nous sommes dans un quartier relativement aisé de Mexico (Coyoacan).
Dans les jours qui suivent, je vois que d’autres hommes déambulent dans les rues du quartier poussant un grand chariot. Eux aussi font un ramassage de déchets qu’ils trient sur leur boguey. Est-ce qu’ils rapportent leur collecte à un camion situé plus loin? Je ne me suis pas encore donné la peine de les suivre pour comprendre. Par contre, à quelques endroits, toujours les mêmes, un camion d’ordures reste sur place un certain temps, pendant que des éboueurs font le tri des matières dans de multiples sacs accrochés au véhicule. Ceux-ci qui seront finalement rangés sur le dessus de la benne. Ici, être vidangeur ne consiste pas à lancer des sacs dans le camion au pas de course.
Tous les jours, cette ambiance sonore colore la ville d’une façon unique pour nous, étrangers. Au travers des inévitables bruits de moteurs, toujours pointe un son caractéristique qui définit cette cité : des voix, des appels, des chants, des aboiements ou de la musique qui fait son chemin par les fenêtres d’une maison, d’une voiture ou d’un commerce. Et ici, les airs locaux ont la cote, contrairement à chez nous où la chanson anglophone (pour ne pas dire américaine) règne en maître. Que ce soit des chants traditionnels ou les succès de groupes actuels, la culture musicale hispanophone semble bien se porter.
Assis dans un parc, les yeux fermés, le soleil sur le visage, cette ambiance sonore nous rappelle qu’il n’y a aucun doute possible. Nous sommes bien à Mexico.
Coucou,
De vivre chez l’habitant au début de votre voyage vous permet de vous rendre compte que la vie journalière des mexicains est bien différente de chez nous !! ce que vous n’avez peut être pas connus quand vous viviez dans votre van.
Je vous souhaite un bon voyage et bon vol pour une nouvelle aventure. Bisous