Quand on prépare un voyage comme le nôtre, on établit un itinéraire, on pense aux lieux que l’on va visiter, aux populations locales que l’on va rencontrer, aux cultures différentes auxquelles on va devoir s’adapter. Toutefois, on ne s’imagine pas qu’une importante part du voyage sera les rencontres avec d’autres personnes qui ont décidé de prendre la route, comme nous.
Au fil des kilomètres et des campings, on rencontre des routards (« overlanders » comme disent les américains). Souvent, on se parle. Parfois, dès le premier regard on se salue et on échange. La première rencontre n’est jamais pareil et en même temps toujours semblable. On peut passer des heures à discuter, tasse de café à la main encore en pyjama, ou autour d’un verre après avoir terminé notre installation temporaire, ou encore en sortant de la douche que l’on espérait depuis plusieurs jours. Toujours, très rapidement les liens se tissent.
Les voyageurs se ressemblent. Ce ne sont pas des vacanciers mais des voyageurs et cela fait une grande différence. Sur la route, nous faisons face aux mêmes réalités : trouver un lieu où dormir et y parvenir avant la nuit, trouver de l’eau potable, de la nourriture et respecter le budget ce qui est parfois un défi. Il faut comprendre comment fonctionne le pays dans lequel on se trouve et s’y adapter pour pouvoir se débrouiller. Chaque pays est différent. Chaque kilomètre parcouru est une découverte.
Le voyage forge une communauté qui navigue à travers cette même réalité. Curieusement, nous cheminons vers les mêmes réflexions, les mêmes questionnements sur la vie, le monde. Nous sommes tous partis pour les mêmes raisons : marre du monde qui nous consumait à l’intérieur et suçait notre énergie vitale et envie de vivre (plus) libre et de se détacher des éléments qui brimaient notre nature.
Quand on vit sur la route, le rythme est différent. On s’accorde sur le cycle de la terre et sur celui de notre corps. Le soleil et les éléments donnent la mesure et le corps décide de la place qu’il va occuper dans cette partition. Celle-ci est, chaque jour, différente. Tous les plans imaginés la veille peuvent être bousculés et cela n’a pas d’importance. Nous prenons le temps : le temps d’échanger; le temps de rire; le temps d’aller nager tous ensemble après avoir pris un café; le temps de changer d’avis et d’envie et de se retirer dans ses quartiers. Quand on se retrouve entre voyageurs, ce qui en ressort est la liberté que chacun reconnait à l’autre, cette absence d’attentes. Nous nous accordons du temps à nous-même et du temps ensemble comme nous avions rarement le temps de le faire dans notre vie passée. Nous avons le luxe de choisir de passer notre temps à échanger. Mais nous avons choisi cette vie et nous nous donnons cette liberté. Nous avons fait des choix qui nous ont amenés sur la route et sans le savoir, nous allions vivre, tous, une expérience humaine que nous ne pouvions imaginer.
Les voyageurs, lorsqu’ils se retrouvent, sont en famille. Ils forment une grande famille accueillante où on ne juge pas même si on est en désaccord. Les enfants y ont leur place et toute la communauté s’en occupe. On organise des activités et on y va ou pas. On se retrouve de toute façon plus tard, quand on en a envie. Mais le soir, on soupe ensemble et quand on peut, on cuisine en groupe. Ces moments ressemblent à ces films où des amis se retrouvent en vacances. Sauf que sur la route, nous ne sommes pas des amis d’enfance en vacances. Nous sommes des voyageurs devenus amis après quelques secondes. Nous tissons des liens qui ne pourront s’effacer car pour un temps nous aurons été une famille.
Cette famille essaie de se retrouver et reste en contact. On sait qu’on sera bien ensemble. On sait que tout sera simple. On sait que l’on sera qui on est, sans faux-semblant. Et puis on sait aussi qu’on ne se sera pas ensemble pour toujours. Mais ça, on n’y pense pas car on vit dans le présent. Ce qui compte c’est ce que l’on vit ensemble et maintenant, le temps qu’on va passer à échanger, rire, s’amuser, se challenger. Pour le reste, on verra plus tard. Et si on n’a pas le temps de visiter ce que l’on avait prévu alors tant pis. Ce qui est important en voyage, ce n’est pas seulement les lieux que l’on découvre mais surtout les gens que l’on rencontre et qui nous font grandir.
Mes amis, il y a longtemps que je vous ai lus, il me semble. Je suis toujours heureuse de vous lire et de vous suivre. C’est drôle, je n’ose pas vous écrire des courriels afin de vous laisser vivre dans votre bulle. Et, que dire de cette routine montréalaise, et de ce début des lumières de Noël qui ornent notre environnement… Vous me manquez bien. Continuez de vivre toutes ces extraordinaires rencontres qui égaient vos vies. Je vous embrasse vient fort. xoxo
Merci Line pour tous tes messages ! Envoie-nous un courriel. Nous n’avons pas souvent accès à Internet depuis que nous sommes en Amérique Centrale mais on se débrouille. Les décos de Noël apparaissent aussi ici. C’est un peu bizarre de voir des sapins de guirlandes (pas de vrais sapins ici) quand il fait 30 et qu’il n’y a pas de neige… On t’embrasse fort.
On dirait que vous avez fumé du pot en écrivant ce texte… 😉 J’aime ça! Du pot, est-ce que ça existe encore…
Même pas… mais on aurait pû !
J adore vous suivre, j vous envie….. Caro et moi avons mangé avec Hélène et 2 couples d amis à vous, James et sa copine traductrice que j oublie le nom et une autre traductrice et son mari que j oublie aussi le nom…. au p tit resto samedi et avons eu une pensée pour vous deux xxx
avec les fêtes qui approchent j’ai réalisé que vous deviez être rendu bien loin.
je n’ai pas eu le temps de vous lire depuis votre départ… mon temps présent se concentre à d’autres lectures…
ce billet m’a bien fait réfléchir (tu écris magnifiquement), il m’a rappelé de beaux souvenirs, mais surtout j’ai eu l’impression de mettre la main sur une pièce de puzzle manquante, même après 20 ans il est difficile de revenir d’une telle expérience. merci!
si tu me permets je le ferai lire à mon amoureux.
vous êtes beaux!! bisous
Merci Isabelle ! La vie sur la route apporte beaucoup et nous transforme un peu aussi…
Comme votre amie Line, je n’ai pas osé vous envoyer d’email pour ne pas déranger :-). Mais je m’y attelais à l’instant après la lecture de votre dernier post. Profitez bien, bien bien !!! Arrivés au Costa Rica ça y est :-)!